BROM

Ce projet s’appuie sur une démarche critique portant sur certains enjeux de pérennité liés à l’architecture résidentielle en territoire de villégiature. Cette démarche prend racine dans le contexte du site : un prestigieux domaine qui avait été occupé par une même famille depuis près d’un siècle, aux abords d’un lac dans les Cantons-de-l‘Est. Considérant le contexte de transition constante du paysage rural au Québec, il importe de maintenir une réflexion sur l’approche esthétique, au sens philosophique, afin de (re)positionner l’architecture contemporaine non seulement face aux problématiques environnementales universelles, mais à l’égard de ce qui est défini comme un produit de notre culture spécifique, de notre œuvre commune.

L’échelle du programme d’occupation souhaité par le client, combinée à la dégradation du bâtiment existant (une structure de bois du début du XXe siècle sur murs de moellons), contraint à se détourner d’un réflexe de conservation totale pour adopter une démarche conceptuelle renouvelée et davantage spécifique au lieu. Le déjà-là devient ainsi l’axe de développement de l’architecture : une réflexion sur ce qui constitue le durable. Les fondations et la cheminée maçonnée de l’ancienne résidence sont conservées, puis intégrées dans un nouveau parcours d’accès au site. La maçonnerie est reprise au niveau des sols et des fondations de la nouvelle intervention, établissant conceptuellement un dialogue entre le nouveau et le disparu. La pierre, pérenne face au caractère éphémère des ossatures de bois de l’architecture rurale, enracine les espaces dans le site et prolonge les traces matérielles de l’histoire fragile de cette propriété des Cantons.

De la même manière que le développement architectural « brouille » les deux temporalités d’occupation du territoire, le choix de la matière et du mobilier inscrit le caractère des espaces dans une esthétique située entre le passé et le présent.