État
Complété (2021)
Lieu
Montréal, Québec, Canada
Programme
Bureaux
Équipe
Alexandre Lemoyne, Yann Deschesnes, Vincent Boursier & Alain Carle
Le commerce est un univers en constante évolution. Depuis les premiers modes d’échanges primaires, l’espace urbain a toujours agît comme toile de fond aux interactions économiques. Toutefois, avec la transformation de nos habitudes de consommation, le lien étroit entre la fonction commercial et la présence physique dans l’espace publique tend à s’effacer.
Les rues commerciales, telles de véritables cadres spatiaux de ces interactions, ont subi depuis la venue de l’économie en ligne un appauvrissement notable, avec la disparition progressive de petits espaces qui abritaient des commerçants de détails ne pouvant plus rivaliser avec une économie caractérisée par son ubiquité et son instantanéité.
Le projet LAUR témoigne de cette réalité. Anciennement un commerce de service, ce lieu très ouvert sur rue a été le choix d’un nouvel occupant pour y aménager les espaces de bureaux pour la haute direction de son entreprise. Très peu dense et somme toute assez privé, la qualité du programme ne se prêtait pas à une exposition sur le domaine public de manière aussi explicite qu’à l’origine de ce lieu. Cette situation propre aux lieux d’échange des espaces commerciaux se caractérise par un rapport très exposé à la rue et qui ne permet pas forcément une réappropriation facile à d’autres fins.
La proposition témoigne donc cette problématique. D’emblée, elle installe un paysage double : celui d’un lieu d’intériorité et un autre d’extériorité. Les espaces de travail se dessinent autour d’une succession de « massifs » en maçonnerie qui recréent une sorte d’environnement extérieur, urbain et lumineux, décloisonnant ainsi les espaces de travail par un jeu de dédalles dans un même lieu. Des grands lanterneaux reproduisent une lumière naturelle en zénithal et ponctuent de manière aléatoire la nature de l’éclairage. Beaucoup plus diaphane, ceux-ci contribuent aussi à une sensation d’être à l’extérieur.
L’espace a été creusé en sous-sol pour permettre une pleine pénétration de la lumière naturelle au niveau inférieur, offrant un lieu de rassemblement en double hauteur pour les employés, à la manière d’un point de pivot entre les multiples fonctions adjacentes. Cette percée offre une qualité sculpturale et propose une centralité à l’ensemble, brisant la nature frontale de ces espaces liés traditionnellement à la rue.
De grands voilages de lin filtrent l’apport de lumière provenant des anciennes grandes vitrines extérieures, rabattant ainsi la qualité de celle-ci au même niveau que ceux des lanterneaux pour finalement refermer l’espace intérieur sur celui de la rue. Quelques parois de verre, laminé de fibre de lin, déclinent ce concept de filtre à l’intérieur de l’espace et offre une autre manière de qualifier le décloisonnement du travail non pas dans l’absolu mais dans la nuance. Donnant une impression de douceur, ce travail de modulation de la lumière naturelle est au centre du concept d’aménagement de ce lieu qui cherche ainsi à établir une nouvelle médiation avec le caractère de la rue commerciale, elle-même en redéfinition.
Crédit photo:
Alex Lesage
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Alex Lesage